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Hubbard




Vivant un peu en retrait de la ville, le vieux Berthus aurait pu paraître comme un original. Sa maison, comprenant deux larges fours, dégageant par ses cheminées une lourde fumée âpre, il avait du ainsi s'exiler de la ville. Sa maison, quoique modeste, aurait fait l'envie de tout homme de science. La pièce principale de la maison transformée en véritable laboratoire, celui-ci où se trouvait les deux fours contenait pour toute décoration, une large bibliothèque aux étagères remplies de volumes poussiéreux qui auraient parus fort complexes aux yeux du néophyte. Il n'en était rien pour Berthus, maître du grand art. En plus de la bibliothèque, il y avait au centre de la pièce, une large table d'un bois dur roussi par endroits, sur laquelle était posée divers flacons contenant quelques poudres, concoctions et minéraux colorés. Il y avait de plus sur cette table, quelques squelettes de petits animaux quelconques, dont l'usage futur était un secret que Berthus se gardait bien de révéler.

Travailleur infatigable, Berthus malgré son âge avancé évoluait au sein de son laboratoire, manipulant les ingrédients d'une main sûre que l'expérience seule avait su former. Sa journée accomplie, il enleva sa mixture du feu et alla se coucher dans sa petite chambre. Il dormit cette nuit-là, d'un sommeil paisible.

Le petit matin venu, Berthus se leva péniblement, et se dirigea vers la cuisine pour y grignoter un peu de la miche de pain qu'il avait cuisiné la veille. Tout en tranchant celui-ci, il entendit un bruit inhabituel à l'extérieur de sa maison. On aurait dit des cris…prenant son fidèle bâton au passage…au cas où…il ouvrit dans un coups de vent la porte, pour trouver l'origine du bruit.

Un bébé pleurant à chaude larme se trouvait sur le pas de la porte. Celui-ci, déposé dans un panier d'osier et recouvert d'une simple couverture semblait l'attendre impatiemment. Berthus fit le tour de sa maison, et ne trouvant personne, rentra le petit poupon à l'intérieur. Une lettre était posée sur la couverture du bébé, lettre qu'il se dépêcha d'ouvrir, la main tremblante :

Cher Berthus,
Vous sachant homme de cœur, je vous confie mon petit Hubbard. Ayant attrapé une maladie rare, je serai bientôt dans l'incapacité de le faire moi-même. Vous trouverez dans le fond du panier, la somme des économies de toute une vie, soit 10 solars. Je vous en pris, soyez bons comme lui comme vous l'avez autrefois été pour moi…
Marie

À la lecture de la lettre, les yeux du vieil homme se remplirent de larmes. Qu'elle maladie avait donc attrapé sa douce et si gentille Marie…celle qu'il avait autrefois considéré comme sa propre fille…il laissa tomber la lettre par terre, et essuyant ses larmes, il prit le petit Hubbard qui pleurait toujours, dans ses bras…


Vingt printemps passèrent ainsi…

Le petit Hubbard avait bien grandit, physiquement et mentalement. Ces années auprès de Berthus lui avaient bien profités. Ce dernier lui avait enseigner la lecture, l'arithmétique, l'astrologie et bien sûr, les notions de base du grand art. Le temps n'arrêtant jamais sa course, la santé de Berthus avait beaucoup déclinée ces dernières années. Portant maintenant le poids de 90 années sur ses épaules, celui-ci était maintenant aveugle et il ne sortait plus guère de son lit ses jambes étant maintenant trop faibles pour le porter. À Hubbard donc, incombait la tâche de s'occuper de son vieux maître et de tenter de parachever l'œuvre de celui-ci sans oublier bien sûr, d'observer les présages et configurations des étoiles :

-Quelle est donc la couleur du produit que tu as formé dis-moi Hubbard? Questionna Berthus, son regard aveugle cherchant son apprenti
-Il est d'une couleur grisâtre maître…répondit Hubbard en s'approchant un peu
-C'est mauvais…il devrait être blanc…écoutes bien mes paroles Hubbard car elles sont porteuses de vérité : Tu n'arriveras jamais à purifier nulle substance sans avoir tout d'abord réussi à purifier ton âme…
-Tu apprendras…ajouta Berthus en toussant, oui, tu apprendras…

La nuit avançait à grands pas, et Hubbard finissait de préparer le repas pour le lendemain lorsqu'il entendit de nombreux cris venant de la ville…regardant au loin par la fenêtre, il vit de nombreuses torches qui semblaient se diriger vers leur cabane. `

-Maître, maître, un groupe d'hommes avec des torches semblent venir par ici!
-Je sais Hubbard, j'ai entendu…de vieux ennemis qui viennent prendre leur revanche probablement…dit Berthus d'une voix faible.
-Mais Maître, vous pouvez sûrement les arrêter avec une de vos si extraordinaire potion! Renchérit Hubbard

Le Maître rit faiblement et dit à Hubbard :

-Tu sais Hubbard, il n'est aucune potion qui puisse guérir l'ignorance et la stupidité…maintenant dépêches-toi, il n'y a pas de temps à perdre…prépares tes affaires, tu dois partir…c'est après moi qu'ils en ont, pas après toi…
-Mais maître je ne peux pas… La voix de Berthus se fit alors plus dure qu'elle ne fut depuis fort longtemps :

-Hubbard, tu dois fuir…la seule consolation qu'un vieil homme puisse avoir au crépuscule de sa vie, est de savoir que son œuvre sera perpétuée par quelqu'un d'autre…tu dois partir vers l'est…il s'y trouve un peuple au milieu des bois qui saura t'accueillir. Prend mon bâton, il m'a toujours porté chance et il assurera ton pas. Maintenant va et laisse-moi faire face à mon destin…la fin de sa phrase était parsemée d'émotion et une larme coula sur la joue du vieil homme.
-Maître je ne puis…
-Pars je te dis! s'écria le maître en fondant en larmes, pars je t'en conjure!

Hubbard courra donc ramasser rapidement ses affaires, prenant l'essentiel et le bâton de son vieux maître. Avant de partir, il dit à celui-ci en fondant en larmes à son tour :

-Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi maître…vos avez été si bon…je saurai m'en montrer digne soyez assuré!

Les cris se rapprochant maintenant rapidement, Hubbard n'eut pas le temps de remarquer que le vieil homme était mort dans son lit, son cœur rendu si faible sous le poids de toutes ces années venait de s'arrêter.

Hubbard prit donc la porte de derrière et couru à travers la forêt sans se retourner. À bout de souffle, il prit le temps de regarder dans la direction de la maison de son maître pour s'apercevoir que celle-ci était en flammes…le cœur empli de tristesse et de désarroi, il tomba sur le sol et se frappa la tête contre une solide racine de chêne.

À son réveil, il faisait jour et Hubbard se rendit compte qu'il avait un bandage sur la tête. Un homme se tenait près de lui et lui dit :

-Vous avez eu de la chance, je me trouvais dans le coin pour cueillir des champignons sauvages lorsque j'ai senti de la fumée…je me suis aussitôt dirigé dans cette direction pour essayer d'arrêter les flammes qui je le croyais, dévoraient l'âme de mère nature lorsque je vous ai trouvé, étendu sur le sol, la tête pleine de sang…au fait, quel est votre nom…?

Regardant son sauveur des pieds à la tête, Hubbard qui avait l'esprit particulièrement embrouillé par sa blessure à la tête dit :

-Hummm…enfin…mon nom est Hubbard et je suis…euhhh…je suis un puissant mage! Oui c'est cela un puissant mage! J'ai 12072ans et je viens d'un tout autre univers!

Les sourcils froncés, l'inconnu lui répondit :

-Oh…j'aurais du m'y attendre, ce genre de blessure cause souvent des troubles de ce genre…mais ne vous en faites pas, avec mes soins, vous finirez par retrouver tout vos sens…enfin…d'ici quelques mois…
-Tout mes sens? Mais je vais particulièrement bien jeune homme, et cessez de me traiter comme un souffrant! Hubbard se leva d'un bond et commença à toucher ses bandages à la tête : Mais au fait, qui êtes-vous? Et pourquoi m'avez-vous mis ce truc ridicule sur la tête? Enlevez-moi ça tout de suite!

Essayant d'empêcher Hubbard d'enlever ses bandages pendant qu'il parlait, l'inconnu lui répondit :

-Mon nom est Antheanian de Mandragore, druide de la guilde de Gaïa et médecin personnel du duc Hyronimus. Et sachez que ceci n'est aucunement un bandage, mais plutôt un tout nouveau style de chapeau vraiment très à la mode. D'ailleurs il vous va à ravir, je vous suggère fortement de le garder.

Hubbard répondit, souriant :

-Oh je vois…c'est vraiment très aimable de votre part…je vais le garder alors!

Sur ce, Antheanian conduit Hubbard au campement de Gaïa, et celui-ci retrouva tranquillement sa raison dans les mois qui suivirent. Hubbard, n'ayant nul part où aller, décida finalement de rester à Gaïa, y trouvant un lieu propice à sa purification et à l'observation des astres. Il se jura, mais non sans peine, de lutter toute sa vie pour rendre hommage à son maître en excellant dans l'astrologie et l'alchimie. Un soir de fête chez Gaïa, il cru voir dans l'ombre, l'esprit de son ancien maître, le regardant en hochant doucement la tête, comme pour signifier à son élève que celui-ci avait fait le bon choix.

 
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